Trois croix sans nom sans visage | Portrait d'un dieu atone © David Noir
Trois croix sans nom sans visage | Portrait d'un dieu atone © David Noir
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Trois croix sans nom sans visage, image d’un dieu atone dont l’effort se limite à répéter le cycle d’une éternelle genèse

Amené à s’incarner, le dieu que j’imagine prend le visage d’un petit film porno. Pas le temps de siéger dans les cieux ni de s’auréoler de mystère. Trois petits tours de chauffe, un jet de foutre et puis s’en va. Pas là pour donner du plaisir. La jouissance qu’il procure, le soulagement qu’il octroie n’existe que par l’imaginaire. Nul besoin de le subir plus que nécessaire. Le temps d’existence de mon dieu est celui d’une branlette. Pour le reste, je m’en occupe moi-même. La création c’est du sérieux. Je ne confie mon bonheur ni ma gloire à personne.

Liberté | Création | Liberté

  • C’est une trinité qui ne doit ni à la chrétienté, ni à la République.
  • C’est une dévotion sans lieu de culte autre que son corps et sa présence sur cette terre.
  • C’est une adoration du pragmatisme, car la poésie ne naît que dans le confort d’un esprit qui n’écoute pas les devises des autres dans le but de les attribuer à sa propre vie.

Ingrédients : Il faut de la liberté pour créer et à nouveau de la liberté pour se débarrasser de la création qui nous libère. Le principe est cyclique et sans aménagement possible.

Chapitre 1. Le facteur « Dieu » | Livraison gratuite

L’art n’est pas un outil au service d’une religion, quand bien même serait-elle celle de lui-même. S’il a donné par le passé l’illusion de l’être, il lui est désormais inutile de se réfugier dans les cavités de niches sociales, prétextes à entretenir son existence, ni d’en épouser les formes.

C’est pas comme ça que ça se passe © David Noir 2017

En terre d’art, ce n’est pas la démocratie qui fait loi

Ou bien si tu le penses, c’est que la démocratie n’est pas ce que tu crois.

Faire de l’art est un mode de vie, mais aussi un travail, souvent pas ou mal rémunéré. Pas vraiment considéré dans les faits. Une activité de mendigot ou d’escroc. Vivre l’art ne revient pas à réaliser des produits artistiques. Une sculpture, une toile, un roman… aucune de ces matérialisations ne constituent l’art. Les œuvres ne sont pas l’art. Elles sont de l’art, rien de plus. Ce sont des objets, des scories du corps et de la pensée, les excréments d’une activité artistique.

Opter pour la création artistique c’est choisir de vivre sans crainte et sans complexe sous le régime d’un totalitarisme de l’ego

C’est psychique, c’est ainsi. La pensée a l’exigence de ses fantaisies. Il faut suivre et marcher au pas. C’est comme ça. Le fond de ça ne se partage pas, ne se débat pas. Ce sont les produits qui se partagent. L’art, lui, ne se livre pas. Il arbore ses colères et ses joies, puis se pare d’une morgue insolente qui dit c’est moi. C’est son unique façon de résister à un monde qui le hait.

Le libre arbitre d’un acte artistique se voulant lui-même libre est d’affirmer n’importe quoi et de sacrer ce n’importe quoi comme valeur ultime à cet instant-là, par joie enfantine, par intelligence, par soif d’œuvrer à l’utopie d’un monde libre. L’art pareil à toute divinité soumise doit rejeter plus fort encore qu’on ne le rejette ; haïr plus puissamment qu’on ne le hait.

Si d’aucuns croient y déceler quelque chose de tangible, de dicible ; y reconnaître une forme familière, paysage, histoire, ils se trompent. L’apparence de l’art est là pour donner le change à qui n’y croit pas, comme un dieu qui parfois s’incarne pour faire la démonstration de son existence et impressionner ceux qui la mettent en doute. Mais, tout comme c’est le cas dans le processus religieux, la divinité en question ne peut prouver leur égarement qu’aux seuls croyants. Les autres l’ignoreront toujours en s’en fichant pas mal. Les dieux sont impuissants à se révéler à qui n’est pas disposé à les vénérer.

Chapitre 2. Le gai bavoir : dégobiller ce qui n’est pas soi

Mais qu’est-ce qu’un dieu ? Réponse : N’importe quoi, justement. N’importe quel objet, entité, concept ou matière peut figurer un dieu. Arbre, totem, crucifix, voix, symbole, direction du vent, phénomène météorologique, coïncidence d’évènements… et légendes, bien sûr. Le colportage d’histoires n’est pas uniquement la résultante des manifestations divines ; il en est aussi un support essentiel. Fils de untel fils de untel fils de untel qui a dit qui a dit qui a dit…

Exemple contemporain : Des ouvriers haïssent des multinationales qui les exploitent mais réclament de travailler pour elles quand soudainement, par le caprice divin auquel les autorise leur statut, sur un coup de tête, ces entreprises rejettent une partie de leur personnel. Soudain, elles n’en veulent plus. Les églises se mettent brutalement à détruire leurs paroissiens. Le peuple adorateur ouvrier réclame alors en manifestant, la preuve tangible de l’existence de ce en quoi il croit : le marché du travail. Dans ce schéma, le travail s’incarne en une relation sadomasochiste entre puissance et misère.

L’art choisit d’autres voies. Il en va de même pour ceux de ses fidèles qui lui emboîtent le pas. Ils ne débordent qu’eux d’eux-mêmes et ne régurgitent que leur propre substance car ils sont pleins d’eux-mêmes.

Trou noir du désir : vivre dans la peau d’un dieu soumis à un art de soi

Les relations sociales suivent le même modèle que la société du travail. Les deux religions sont jumelles. Les femmes sont bafouées, les homosexuels tabassés, les enfants sont violés, les handicapées motrices non invitées à entrer. Partout on glorifie l’icône de la femme, de l’enfant et partout on n’en adore que l’image idéalisée. C’est le féminin considéré comme matière à dégrader dans tous ses états de droit. On n’idolâtre que pour haïr.

La Marilyn sanglante traverse encore et toujours les étapes de sa soumission, perpétuel chemin de croix. Tant pis, il ne fallait pas se faire prendre car le crime d’être prenable est le seul qui insulte véritablement le dieu d’autrui. Le féminin, oui, c’est ce qui se fait prendre… la main dans le sac, la tête dans le sac à main, cul par-dessus tête à l’horizon de demain.

Pour la société des hommes, l’être féminin est impardonnable de pouvoir être pris. Qu’il s’incarne en femme, homme, enfant, soumis de toutes sortes, sa posture offerte lui interdit de sortir la tête haute des ébats et des débats.

Certains soumis se battent, se débattent et se débattront encore pour changer ce qui ne change pas. Pour faire changer les lois. Car en effet, parfois les lois changent, mais La loi des hommes, elle, ne change pas.

Inutile pour nous, de nous en défendre en revendiquant, comme des esclaves fiers, une conquête à venir qui ne viendra pas. La révolte fait juste rire les bourgeois consanguins.

La révolte est l’arme ultime de ceux qui un jour, voudront dominer à leur tour

Non, dominer n’est pas ma cause. Tôt ou tard, on y perd son esprit, sa cohérence interne et ses forces.

Se nourrir, absorber jusqu’à dissoudre est l’apanage de ceux qui savent se laisser prendre. Le soumis qui le comprend ne subit plus son état. Il se réjouit de saisir sa nature et de savoir enfin d’où lui vient son pouvoir. Pourtant ce pouvoir, tout comme le Messie pour d’autres, lui non plus ne viendra pas. Il est d’ores et déjà là, honteux, presqu’invisible. Il réside, depuis sa venue au monde, dans son état de faiblesse. Il siège dans la cruauté de son indifférence devant ceux qui voudraient croire mais ne savent pas qu’ils cherchent à conforter leur ignorance. Bref, il sait en son for intérieur ce que d’autres font le choix d’ignorer. Surtout ne pas savoir que j’ignore ce qui guide ma volonté de pouvoir pense naïvement en secret celui qui domine.

Chapitre 3. Trois croissants non sans visage : les faces éclairées d’un trou

Il n’y a pas uniquement quelques filles seins nus qui la ramènent ; il y aussi des gars qui n’en veulent pas de cet esclavage à eux-mêmes ; des hommes qui ne se définissent pas par les conséquences de l’existence de leurs seuls gènes. Mais le Monde s’en fout. Le Monde est devenu une conscience bien au-delà des hommes. Plus personne ne sait qui il recouvre ce Monde. L’important ne réside pas là.

L’important est et doit être qu’un certain ordre mis sous pression, éclate. Un ordre qui voudrait en surface être pris pour le reflet d’une cohérence intérieure. C’est donc de l’intérieur, par osmose et empathie mature, qu’il s’agit de mettre à mal une force aussi délibérément sourde qu’elle est bien réelle.

Il s’agit donc, à chaque instant, le plus possible, de ne pas laisser de prise à l’adhésion à un modèle. Il s’agit d’être un cancer et non une Walkyrie. Et quiconque veut se défendre activement des attractives adhérences d’un modèle, qu’il soit familial, idéologique ou politique, n’a d’autre choix que de laisser tomber sa vie, fatalement sociale, pour l’art. Encore une fois, pas pour faire de l’art au risque de sustenter le marché sociétal si de solides précautions ne sont prises, non ; simplement pour vivre l’art. Rien de plus opposé à un art de vivre, qui ne sera jamais que la réclame tapageuse d’une fausse implication.

Rien d’autre en définitive, que le rejet radical d’une imagination immature et infantile de l’idée simplificatrice de la prégnance d’un dieu sur la nature très imparfaite qui gouverne nos pulsions et notre aptitude à réfléchir, pour s’en sortir.

Car croire en une symbolique mystique, qu’elle soit religieuse, guerrière ou sociale, c’est déjà trahir ce que l’on a de plus sain en soi : l’intérêt pour son indépendance de jugement et d’esprit.

La tentative de dégradation, par une lutte exclusivement féroce et vengeresse, de l’ordre imposé, aboutit parfois à une forme éphémère de liberté, mais toujours irrémédiablement à un carnage avant récupération ultérieure par une poignée d’individus qui ne se seront pas salis les mains. Les fruits de névroses douloureuses ne peuvent que nourrir une société encore primitive et d’autant plus malade qu’elle tarde à évoluer.

Soit qu’il retombe en une pluie diluvienne, soit qu’il implose et se diffracte en autant de particules qu’il y a d’humains pour les recevoir, l’ordre ainsi destiné à toujours revenir, ne peut devenir bienveillant que s’il est apprivoisé, domestiqué et instruit par un processus qui passe par soi-même. Sans quoi ce sera éternellement d’ailleurs qu’il réapparaîtra. Dans le cratère béant d’une lune énucléée par la fusée de Méliès, prêt à nous revenir couvert d’honneurs et de gloire, comme si ce nouvel ordre universel et charmeur pouvait ramener autre chose dans ses soutes qu’un vieil ordonnancement éternel.

Seule la conscience est capable d’évoluer. Rien d’autre en nous ne change. Jamais les rôles ne s’inversent et ceux qui dominent domineront tant que les plus réfractaires et souvent les plus réfléchis, ne préféreront pas se taire plutôt que de sauter sur de vieilles lunes sitôt que leurs grosses faces pleines grimaceront à l’envie pour leur faire la nique.

Quand le regard se pose, il sait trouver les angles et les incidences de lumière propres à découper en quartiers la grosse baudruche grotesque que l’on lui tend comme cible. L’observateur ne se comporte plus alors en chien d’attaque conditionné mais se demande dans quelle zone d’ombre il va efficacement pouvoir s’infiltrer, tel un microbe.

De même, quand le soumis, lui-même malheureusement conditionné, cherche sa force dans l’assimilation aux méthodes de ses tortionnaires, il ne trouve en réponse que l’humiliation. Car quand bien même il pourrait s’en saisir, il ne saurait que faire des instruments du dominant ; pas davantage se battre avec que gouverner. Il n’est pas un prédateur qui ronge son frein dans l’attente que son règne vienne. Non, il connait la teneur d’une paix véritable et sagement, ne laisse jamais entrevoir la simultanéité de ses facettes, comme un astre miroitant mais discret. Il s’oppose en travaillant, en fuyant, en y revenant ; en épuisant un adversaire qui ignore son état, par l’endurance de la croyance en son tempérament singulier. Non, il ne se vante pas.

Sa confiance en ses facultés à penser à travers l’art est juste inaltérable. Et c’est assez pour vivre ce qu’il a à vivre, dire ce qu’il a à dire et faire ce qu’il a à faire.

(à suivre)

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Le magicien Dose, dieu des drogués à la vision d'art © David Noir 2017
Le magicien Dose, dieu des drogués à la vision d’art © David Noir 2017

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