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David Noir et fils | Altéré(s)Go! | Ma rencontre avec Le Générateur | Photo © Karine Lhémon

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ENTRE PRENDRE

Rencontre(s) et perspectives au cours d’un développement artistique

Une rencontre

Un évènement suffit parfois à insuffler le renouveau d’énergie qui finit fatalement par faire défaut au long de la poursuite d’un périple scénique.

Sans une telle opportunité de renaissance, le circuit devenu mal ou bien huilé est fatal : le désir s’étiole, puis gangrène la croyance, la confiance ; mange les forces. Puis, sans de nouvelles perspectives, c’est peu à peu, le placard pour les costumes, le tiroir pour le manuscrit, les oubliettes d’une cave pour le décor, le sage rangement méthodique et sans joie pour les cd audio, les fichiers informatiques, les supports vidéos, quand ce n’est pas directement la déchetterie pour les accessoires encombrants.

Cette fois-ci pourtant, j’avais décidé de ne pas me laisser aller à l’éradication des éléments matériels d’un spectacle – en fait d’une série de spectacles – qui tôt ou tard allait intervenir quand j’aurais décidé que le sujet était clos, que ça ne pourrait plus se reproduire, persuadé que ça ne « jouerait » plus, comme on dit dans le jargon des plateaux.

David Noir et fils | Altéré(s)Go! | Ma rencontre avec Le Générateur | Photo © Karine Lhémon
David Noir et fils | Altéré(s)Go! | Ma rencontre avec Le Générateur | Photo © Karine Lhémon

Suite au deuil de la fin de ma collaboration avec un groupe dans lequel j’avais investi sans compter tout mon être, je décidais de tenter il y a trois ans, à travers un processus de métamorphose volontaire, d’envelopper ma vision de la production de mes œuvres, d’une couche toute fraîche de gestion. Entendez par là, non une formation dans ce domaine, mais une information capable d’initier un bouleversement de mon regard, de ma réflexion et par conséquent, de mes choix et par voies de conséquences, de mes rencontres à venir.

Rafraichir les pages de l’aventure

M’informant et apprenant ce que je pouvais en adapter à moi-même, j’eus le désir d’inspirer dorénavant mon fonctionnement de celui d’une entreprise.

Il m’apparaissait soudain qu’une bonne part des artistes de mon acabit, négligeait outrageusement l’économie de leur activité. Mal éduqués, mal informés, nous ne nous jugions pas aptes à penser « profit ». La rentabilité semblait un gros mot, incompatible avec la vocation artistique véritable. Pourtant l’art contemporain, spécifiquement à travers les arts plastiques, étalait sous nos yeux, depuis des décennies, sa capacité à engendrer des bénéfices et à ne pas léser systématiquement ses auteurs ; parfois même, loin de là.

Qu’y avait-il donc comme gène malin en nous, qui nous faisait nous différencier si piteusement de ces Start-up des galeries qu’étaient devenus les créateurs et concepteurs d’art ? Faisaient-ils du produit ? Et nous ? Que faisions-nous ? De l’éphémère, et alors ? Ne dit-on pas que tout se vend. Alors pourquoi pas la poésie ? Même si l’évocation de cette idée, je dois le dire, me semblait passablement farfelue et a fortiori, quand il s’agissait de la mienne. Passionné par mes nouvelles lectures sur le développement personnel et la découverte de ce que certains férus de création d’entreprise considéraient même comme un art, je décidais donc de comprendre un peu mieux en quoi consistait l’esprit du « privé » et me mettre à considérer la beauté du geste d’entreprendre.

Scrupuleux dans mes recherches, avide de connaissances et de rencontres intellectuelles, j’allais même jusqu’à demander une accréditation au Salon des entrepreneurs, histoire de voir de plus près quelle drôle de bête était un banquier, un conseiller en stratégie marketing, un communicateur avisé. Ce faisant, j’avais néanmoins bien conscience que j’optais momentanément pour un nouveau rôle, mais le faire avec conviction était la condition sine qua non pour en retirer une quelconque compréhension de ce paysage si différent du mien. Fier de mon badge, j’arpentais durant deux jours les allées moquettées des boxes des exposants et assistais aux conférences auxquelles je pouvais accéder. Je n’avais pas réellement une solide motivation pour créer effectivement une société dont le business plan en mon domaine me paraissait d’emblée bien aléatoire, mais encore une fois, ce qui m’importait était de saisir le fond d’une pensée autre que celle avec laquelle j’avais toujours fonctionné. Je ne revins pas tout à fait bredouille de cette contrée étrangère, mais ce fut surtout, ensuite, par la lecture de nombreux blogs à ce sujet, que je décrochais mon code d’accès à une nouvelle zone de mon cerveau.

Un, en particulier, par la sensibilité et la passion évidente de son auteur à être convaincu des atouts de la libre entreprise pour tout un chacun, retenu mon attention. Son intitulé évocateur était et est toujours, « Esprit riche ». Convaincu par la clairvoyance de son auteur, Michael, je décidais de le contacter après avoir lu son offre de coaching. Malgré la particularité de ma demande et son caractère nouveau pour lui, il accepta de se pencher sur mon cas. Nous nous mîmes d’accord sur le prix de l’intervention et il me proposa deux séances téléphoniques à l’issue desquels il m’enverrait résumé et conseils personnalisés. Je tiens à dire ici, pour toutes celles et ceux qui me soupçonneraient d’habilement camoufler mon train de vie sous des guenilles des années 80, que je ne suis nullement miraculeusement devenu riche au sortir du traitement. Je ne l’attendais pas et ce n’était pas le but de ma démarche. Ce fut, comme je l’espérais, l’impact de ces discussions qui fut réellement enrichissantes, ce qui correspondait parfaitement avec la pensée émanant du blog. Être riche revenait à pouvoir disposer de suffisamment de temps dans sa vie quotidienne, tout en étant libre et heureux dans son travail. Et se rendre libre puisait ses racines dans la gestion de sa vie tant psychique, sociale que matérielle.

Ce n’était bien sûr pas une découverte en soi et qui plus est, je n’étais pas dans la situation d’un salarié se croyant prisonnier des limites de ses compétences et du marché dévitalisé de l’emploi. Heureusement, j’avais déjà fait pas mal de chemin sur la voie toute relative de l’autonomie et ne m’étais jamais imaginé aliéné à une quelconque hiérarchie. Non, ce que j’avais appris de précieux au cours de ces entretiens et à travers la réflexion qui en avait découlée, c’est que je voyais sous un jour tout neuf l’idée d’entreprendre prioritairement tout ce qui m’amènerait vers un bien, un gain, un progrès, une satisfaction… une rentabilité. Et dans la création artistique, aussi marginale soit-elle, cette règle était tout aussi applicable qu’en économie. Finis les rendez-vous à la maigre teneur, adieu les importuns, au revoir les sorties forcées coûteuses et complaisantes, bye-bye les chronophages néfastes de toute espèce. Place aux relations positives à mon endroit – ce qui ne signifie pas dépourvues d’un œil critique – aux affections sincères et bénéfiques et à l’enrichissement de ma vie selon mes seuls critères. Et parmi ceux-ci, l’un des plus importants à mes yeux :

à dater de ce jour, toute éphémère qu’elle était, ma création ne devrait plus dépendre des autres, qu’ils soient acteurs ou programmateurs. Elle se devait, pour mon bien-être et ma survie, d’exister hors tout, y compris en l’absence de lieux de représentation.

Mon travail était plus que jamais ma demeure

Et il allait croître et évoluer par le seul fait primordial de sa conception dans ma tête, sur le papier, mais aussi via tous les autres médias que j’avais déjà l’habitude d’utiliser, vidéo, audio, Web y compris. Il serait partout, tout le temps et par tous les temps, lui et moi ne faisant qu’un. Et tant mieux si parfois, nous allions pouvoir nous rendre visibles grâce à un accueil éclairé et intelligemment proposé. Pour le reste, ma production allait s’organiser et se structurer en dépit de tout lien affectif, sans pour autant être privé des traces des attachements qui composeraient comme toujours sa substance. Elle n’avait la nécessité vitale d’aucun et d’ailleurs, ne l’avait jamais eu, sauf à mes propres yeux de sentimental d’alors. L’heure n’était donc plus à se débarrasser avec douleur des matériaux qui la constituait, accessoires, costumes… mais aussi, désir et en perdre par là-même la chance de pouvoir un jour la ressusciter. Plus aucun prétexte ne serait à ce jour valable, qui voudrait justifier la négation de mon travail en faveur de l’oubli des déceptions, trahisons, manques et illusions, en le laissant se dissoudre mollement dans le solvant fallacieux de l’interdépendance avec autrui.

Devenir riche n’est pas renoncer à ce qu’on crée. C’est même tout le contraire et la liberté n’est pas dans l’effacement des traces de sa propre vie. On se demande parfois si quelque chose « vaut le coup ». Il serait bien souvent utile de détourner l’expression au profit de se questionner de savoir si ça « vaut le coût » et de quelle nature est réellement ce coût ? L’attachement aux souvenirs heureux de moments partagés devient un poids inhibant si le prix de sa conservation est le sacrifice de ce qui l’a fait naître. En l’occurrence : ma force et mon outil de travail.

D’autres rencontres dynamisantes arrivent donc, si on veut bien les regarder quand elles nous frôlent. Des rencontres dotées d’un nouveau potentiel de rentabilité pour notre propre entreprise humaine et plus adéquate à notre environnement actuel que la nostalgie conservatrice. Il faut les désirer, il faut les provoquer, il faut les saisir.

Je me considère aujourd’hui comme un petit corps céleste parmi des milliers d’autres, certains se situant à beaucoup trop d’années lumières pour que nous puissions nous rapprocher jamais. Parti sur une lancée dont il n’a pas choisi toutes les coordonnées, parfois dérivant trop prêt d’autres planètes, gravitation oblige, à force de révolutions le petit corps se sent rejoindre sa bonne orbite. Dans le lointain, un système solaire inconnu se profile. Je m’y inscris tout doucement, dans une nuée d’astéroïdes.

Aujourd’hui, une renaissance s’est programmée dans ce tout nouveau monde. Le décompte d’un nouveau périple se met en marche. Pour toute une année, la joie propre aux aventures va pouvoir étirer son fil au long de ce temps encapsulé et qui s’égrène d’ores et déjà. Quoiqu’il advienne, rien ne vaudra jamais pour moi ces voyages intersidéraux.

Merci à Anne Dreyfus et à son Générateur, cosmos expansé entre quatre murs, d’avoir su créer et laisser vivre un lieu d’art qui donne définitivement un véritable sens à l’expression Site de rencontres.

David Noir

David Noir, performeur, acteur, auteur, metteur en scène, chanteur, plasticien, vidéaste, bricoleur sonore, enseignant... trimbale sa nudité polymorphe et son enfance costumée sous le regard et aux oreilles de qui veut voir et entendre.

Cet article a 9 commentaires

  1. hein ?

    Démarche totalement innovante et passionnante. A priori inédite.
    (certes une compagnie a déjà repris le fonctionnement d’une entreprise en vendant de la prestation : démarche pas inintéressante, mais la compagnie en question étant lourdement subventionnée – ce qu’elle ne dément pas puisqu’en vertu d’un principe de « transparence financière » le budget est présenté en détail au spectateur pendant le « non spectacle – cela reste une mode de financement nécessitant une démarche de prostitution institutionnelle).

    Pour se concentrer sur la rentabilité matérielle d’un artiste libre (vision restreinte de la rentabilité j’en conviens). La question reste de savoir que vendre (et qu’acheter) ?. Il semble que l’être humain soit prêt à payer – beaucoup – pour posséder (cf l’art plastique). Qu’en est il d’un artiste qui ne fabrique pas d’objet, dont l’œuvre est intrinsèquement associée à son corps ? Peut- on acheter l’artiste ou au moins le louer ? Faut-il proposer une offre de location (à l’heure , au forfait ?) (attention, je recommande un contrat « béton » quant aux conditions de locations, l’artiste doit continuer à faire ce qu’il veut, sinon ça n’a pas plus de valeur qu’une heure de ménage à mon sens) Faut-il proposer un « souvenir » de l’artiste à l’issue de la performance (type : mèche de cheveux, trace d’excrétions corporelles diverses, texte inédit, soutien-gorge kleenex …)?
    Quoiqu’il en soit, le « noir » étant un produit absolument unique, le marché potentiel et la rentabilité sont énormes, porteurs d’une croissance érectile. Reste à trouver une offre, un concept et susciter le désir pour stimuler leur pénétration sur le marché. Les consommateurs asséchés par la normativité ont soif. Ils sont prêt à payer cher pour une bonne giclée.

  2. David Noir

    Je partage tout à fait votre analyse à propos de la question « que vendre ? »
    C’est en effet là le cœur de la machine et même un cœur tristement philosophique dirais-je, puisqu’il contient en son sein la question de leur propre raison d’être en ce monde pour les artistes de la scène théâtrale indépendante. Quel sens cela a-t-il de produire son art aux yeux des autres si en retour, il n’en naît pas un allégement matériel des conditions de vie. Car on sait bien que montrer « à perte », pour dire qu’on existe, n’est pas une finalité en soi, même si on a plaisir à constater que d’autres vous entendent et même vous « partagent » à travers votre expression. La reconnaissance financière n’est pas un vain concept dans la production d’art. Elle équivaut au temps libre et nécessaire pour mener à bien sa tâche tout en limitant l’usure du dynamisme. J’en remue quotidiennement l’idée car il est difficile d’y trouver une réponse plausible et satisfaisante. Les fameux goodies ou produits dérivés, comme leur nom l’indique, me semblent trop liés à la notoriété du personnages qu’ils symbolisent pour constituer une première entrée ou, comme on le voit pour le cinéma grand public ou le rock dans le cas des phénomènes d’addiction, découlent de l’engouement pour la mythologie que transportent déjà les œuvres en elles-mêmes. Le problème vient réellement de la nature archaïque de la représentation vivante, qui nécessite une jauge démesurée pour équilibrer quelque production que ce soit par ses entrées. D’où cette atroce dépendance aux institutions devenues un mal pour un soi-disant bien et à mon sens, un fléau qui persuade l’artiste de son statut d’handicapé marginal qui ne peut survivre sans les perfusions d’un bon papa docteur. « C’est pour ton bien ! » aurait dit Alice Miller. Je crois logiquement qu’un artiste doit tout à fait pouvoir subvenir à ses besoins par sa création, comme n’importe quel autre individu qui travaille, puisqu’il est lui aussi un produit de la société et donc une entité nécessaire à l’équilibre des forces en jeu dans toute société humaine. Nul besoin d’être une star pour vivre sur un pied normal. Seulement tout est faussé par la vision qu’on en a, par le statut « à part » qu’on lui donne. Ça me fait penser au statut des femmes il n’y a pas si longtemps, dont on pensait qu’elles ne pouvaient pas être autonome du fait de leur nature potentielle de mère. La pilule les a grandement aidées à prendre en main leur destinée. À nous d’inventer le contraceptif qui bloquera notre propension à concevoir à n’importe quel prix, presque malgré nous. Je crois qu’il nous faut gérer les désagréments de notre vocation tout comme les femmes ont pu contrôler leur cycle menstruel. Les artistes se laissent trop aller à subir leur propre désir de produire, moi y compris naturellement, plutôt que de le faire quand bon leur semble, dans des conditions favorables qui n’alourdiraient pas d’avantage leur développement. L’analogie s’arrête là, mais j’y vois le fruit de tout un système qui maintient dans la même geôle dorée, femmes, enfants, artistes et dans de moins rutilantes, malades et délinquants. Bref, je m’éloigne en apparence du sujet premier, en pensant néanmoins que le lien n’est pas si alambiqué qu’il y paraît. En ce qui concerne le spectacle vivant, pragmatiquement, j’ai tendance à penser qu’il reste actuellement, en premier lieu, son propre produit d’appel. Ou le cas échéant son auteur quand celui-ci est clairement identifiable. Ce qui n’exclut nullement les produits dérivés qui sont à mes yeux, de réels modes poétiques d’édition, le texte de théâtre édité n’étant lui-même rien d’autre qu’un accessoire, une partition et en aucun cas, « la pièce »comme on le dit si souvent par abus de langage. Je crois personnellement à l’enregistrement et au support, y compris dématérialisé, comme ambassadeurs de la scène. Mais je crois aussi qu’il convient de les penser différemment pour qu’ils restituent réellement quelque chose de la dimension humaine de la représentation, comme le disque le fait pour le concert. Il faut pouvoir imaginer ce qu’il y autour et non se retrouver face à la pauvreté déformée de la simple captation. Tout y est falsifié ; de l’échelle des personnes à la nature vibrante et imprévisible de ce qui peut advenir dans réel, sans parler des lumières qui n’ont plus leur impact. Toute la technique de l’écriture scénique y est donc foutue en l’air si on n’y prend garde. C’est extrêmement délicat, mais le vivant existe toujours du côté de celui qui regarde. C’est pourquoi j’espère en l’arrivée prochaine des écrans 3D, (sans lunettes obligatoires) et de la démocratisation de cette technique de prise de vue pour faire avancer les choses. Il y a toujours une nouvelle technologie à la base des révolutions artistiques et de leur diffusion, deux choses par ailleurs souvent liées. La peinture en tube permit de sortir de l’atelier et se déplacer « sur le motif » avec un chevalet transportable, l’amplification électrique sortit la musique de ses salons pour l’emmener jusqu’aux stades de foot. Idem pour l’imprimerie et le caméscope numérique, même si je ne comprends pas pourquoi il n’y a toujours pas de réseau de salle pour diffuser ce que nous créons depuis chez nous. Internet y supplée, ainsi qu’une chaîne de télévision très innovante pour l’art vidéo comme souvenirs from earth. Peut-être un jour l’holographie gravée sur l’équivalent d’un support dvd, donnera sa chance à la restitution du volume et de son émotion en direct. Mais je crois surtout que dés maintenant, il est important à la base de faire comprendre ce qu’est réellement l’écriture scénique et les langages de la mise en scène, en ne les laissant pas toujours confondre avec l’emballage d’une histoire ; le texte de scène n’étant déjà pas lui-même un simple conte mis en parole et en acte. Bien souvent, on lit sans se rendre compte que sa similitude avec la littérature n’est qu’un leurre ; qu’il faut le décrypter à travers une vision du vivant et du corps mis en jeu pour lui redonner sa forme physique et sonore. Tant de confusion générée ! Tant de faux semblants contenus dans sa matrice même ! C’est réellement un art du trouble, difficile à entendre tant son code semble accessible d’emblée par sa proximité d’avec les mots du quotidien. Tant il imite la vie. La pratique de sa transmission dans les cours donne les preuves pénibles de ces méprises tous les jours. Beaucoup de travail en perspective non ?
    Je vous rejoins sur le vaste potentiel érotique des marchés érectiles. J’ai réalisé en ce sens des prototypes consommables d’après moulage sur ma personne. J’en suis pour l’instant resté au stade de l’artisanat local. Mais je compte remodeler la question.

    Le site que vous m’indiquez m’intéresse par sa démarche effectivement originale, mais il paraît à l’abandon ; j’aurais bien écouté les entretiens avec Laurent Goumarre pour mieux comprendre, mais les liens sont invalides. Est-t-il toujours actif ? Connaissez-vous leurs productions ?

    Ici, une première tentative de mise en ligne sous la forme d’un enregistrement sonore d’une de mes productions datant de mai dernier par la société d’édition Zingy :

    https://soundcloud.com/david-noir-production/david-noir-le-nouveau

  3. deux

    Merci pour cette réponse éclairante et visionnaire. En tant que « spectateur » en recherche de vibration, j’ai par example acheté le mp3 du nouveau testicule. A l’instar d’un texte « partition », l’écoute ne permet pas de vibrer de la même manière que le vécu. C’est parfois frustrant si on entre dans une démarche de revivre ce qui a été ressenti lors du moment live, encore vierge. A l’inverse des vibrations, des émotions (allons y avec ce mot casse -gueule) différentes peuvent apparaître à l’occasion d’un abandon, d’un retour à une certaine innocence. Ce qui pour revenir au sujet à une valeur (notamment financière). Quant à la 3D c’est une ouverture excitante vers une expérience se rapprochant encore plus de la proximité des corps (sans l’odeur).
    En ce qui concerne La Coma j’avais assisté à Scan en 2003, expérience suprenante, philosophique, ennuyeuse comme peut l’être le « marketing ». Démarche intéressante à l’époque) Ils ont produits d’autre « choses » depuis mais je n’y ai pas assisté. Je crois qu’ils ont un site encore actif ( la coma / Bordeaux sur google).

    Didier
    Paris
    38 ans
    Cadre moyen dans une multinationale

  4. deux ?

    Merci pour ces précisions qui démontre une approche visionnaire et originale en matière de production, diffusion et financement de l’art vivant/dramatique/de la performance.
    En tant que spectateur/amateur/consommateur/mateur, j’ai donc acheté le mp3 du nouveau testicule à sa sortie tant pour soutenir les bourses de l’artiste (expression consacrée : désolé pour la redite) que dans une volonté de ressentir les vibrations de la performance vécue. Évidemment, le support sonore ne restitue que très partiellement la « dimension humaine de la représentation ». La volonté de revivre ce moment est alors – c’était couru d’avance – une sorte d’échec. S’accrocher à un moment passé (comme une sorte de « bon souvenir », ne peut mener qu’à une frustration. J’ai néanmoins découvert qu’aborder ce support (mais il aurait aussi pu s’agir d’un texte)avec une forme de virginité, d’innocence en évacuant le souvenir du vécu, permet de ressentir des vibrations différentes. Le support devient une oeuvre « soeur »/fille de la performance réelle. Elle fait partie de la même famille (n’ayons pas peu des gros mots) mais a ses particularités. Je n’oublie pas la mère (n’ayons pas peu des gros mots), la connaissance de la mère est même indispensable, mais voilà l’écoute aboutit a une expérience différente et différente à chaque écoute.
    L’arrivée de la 3D est une source de curiosité, d’excitation. Il manquera toujours la proximité des corps (et l’odeur) mais après tout la voix amplifiée s’est largement répandu et rares sont les concerts où l’on chante dans l’oreille des spectateurs. Alors j’attends fermement l’introduction de l’artiste vivant en 3D dans ma chambre (à coucher). Quant au texte de théâtre, il est en effet souvent quasi-illisible mais tellement « parlant » quand il est dit en actions. Mais après tout il n’a pas vocation à être lu « dans sa tête ». Seules les vibrations d’un corps peuvent lui donner une colonne vertébrale.
    N’étant pas professionnel du spectacle vivant (assez loin d’ailleurs de ce « monde ») mais conscient du caractère vital pour la société d’artistes vivants en son sein, il s’agit d’un modeste témoignage sur ce blog décidément stimulant.

    En ce qui concerne « la coma » je n’ai assisté qu’à leur production « scan’ en 2003 qui à l’époque était assez unique. Une expérience d’extrémisme de la satisfaction client qui conduit à l’abîme et à la terreur ( donc au rire) en ce qui me concerne. Ils ont depuis produits d’autres « choses » et leur site est encore actif mais je n’en sais pas plus.

    Didier
    38 ans
    Paris
    Cadre moyen dans une multinationale

  5. David Noir

    Merci à nouveau de vos précisions. Vous avez entre temps changé de pseudo, alors je ne vous ai pas reconnu tout de suite 🙂
    J’ai affiché vos deux commentaires qui semblent être redondants bien que différents; mais comme je ne savais pas si c’était un acte volontaire …
    J’ai hésité à vous demander justement si vous faisiez parti de ce milieu et je suis d’autant plus intéressé par votre avis que vous dîtes en être éloigné. Quand vous aurez un moment, si vous le désirez, je serai très intéressé de savoir justement ce qui vous amène à développer réflexion et intérêt pour des questions bien souvent balayée d’un revers de main par les « professionnels ». Encore que je considère qu’être spectateur est déjà faire largement parti intégrante de ce milieu, en tous cas, indéniablement de ce processus qu’est la création scénique.

  6. Hein et deux

    Le premier commentaire a été rédigé vite fait dans le métro sur un iPhone. Commentaire que je pensais être perdu de par un bug. L’autre a été plus réfléchi. Bon mais ils reflètent j’espère une même pensée du moins une certaine cohérence. Quant au pourquoi de ces commentaires je développerai mais la première réponse simple et que ce champs artistique me parait vital individuellement et collectivement et que sa disparition faute de « moyens » n’est pas souhaitable pour qui est un minimum sensible à la notion de liberté, de survie, de résistance et de dignité face à des pouvoirs, des systême destructeurs de l’élan vital, du désir, du plaisir.

    Didier (celui de facebook). 🙂

  7. David Noir

    Ah Didier! C’était donc toi caché derrière ce masque multiple. Formidable cet aspect Belphégor pour ma première série de commentaires. Merci. Mais outre ta part active au sein d’une multinationale tu es bien quand même également comédien d’après ce que je sais non ?

  8. Belphégor

    Comédien amateur. Quelques heures par mois. Absolument pas confronté aux questions de financement. Mais intrigué par ceux qui « vivent » de leur art (les « professionnels »). Curieux de savoir comment cet art (et surtout ce qu’il véhicule) peut exister et se développer en dehors de la dépendance étatique. Parce que je l’aime. Parce que je pense qu’il peut véhiculer de profonds changements vitaux à condition qu’il ne disparaisse pas et qu’il s’affranchisse.
    Didier.

  9. David Noir

    Oui, tentons l’affranchissement, tel Spartacus ou le timbre poste, même si c’est un saut dans le vide de l’indifférence généralisée (ou presque). J’ai vu il y a peu Harold et Maud; ça donne des ailes au suicide improbable.

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